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THE CONGOS

Reggae - Dub Twitter Facebook

L’excellent label britannique Blood & Fire réédite le mythique « Heart of the Congos » produit par Lee Scratch Perry. Autopsie d’un chef d’œuvre.

Heart Of The Congos fut, avec Natty Dread de Bob Marley & The Wailers, Marcus Garvey de Burning Spear et The Right Time des Mighty Diamonds, l’une des œuvres les plus déterminantes dans l’art des groupes vocaux jamaïcains dans les années 70.

C’est aussi l’un des albums les plus parfaitement réalisés à sortir du Black Ark Studio de Lee Scratch Perry durant les six années pendant lesquelles le studio était opérationnel. Pour son enregistrement, les Congos bénéficièrent, il est vrai, d’un accompagnement musical et d’une production de premier ordre. L’histoire des Congos commence lors de la rencontre entre Cedric Myton et Roydel Johnson.

Cedric Myton naît en 1947 à Ste-Catherine en Jamaïque, et débute sa carrière de chanteur en tant que membre des Tartans, un groupe vocal qui compte dans ses rangs Devon Russell, Prince Lincoln Thompson et Lindbergh Lewis. C’est l’époque où le rock steady envahit les dance hall et les Tartans connaissent un certain succès avec leur titre

  Dance Hall Night 

en 1967, puis avec Coming On Strong enregistré pour le label Caltone en 1968. Mais le groupe se sépare. Cédric sort quelques disques aux cotés de Devon Russell puis forme les Royal Rasses avec Lincoln Thompson. Après ça, au milieu des années 70, il rencontre Roydel Johnson avec qui il forme les Congos.

Roydel Johnson est né en 1947 à Hanover. Enfant, il suit les cours de la Kendall School, où Lee Perry est aussi élève. Roydel grandit dans une famille de musiciens et, au début des années 70, il devient membre du groupe rasta Ras Michael & The Sons Of Negus. Il chante aussi aux côtés de Brother Joe & The Rightful Brothers et enregistre avec ce groupe Go to Zion vers 1973. Puis c’est la naissance des Congos.

Après avoir travaillé quelques temps en duo, Cedric et Roydel rencontrent Watty « King » Burnett. Watty assure tout d’abord des choeurs dans le groupe, puis il est engagé.

En 1976, lorsque les Congos rentrent au Black Ark Studio pour enregistrer leur album, Lee Perry est au faîte de son art. L’ambiance du studio, caractérisée par un son de batterie reconnaissable instantanément et l’utilisation toute particulière que fait le producteur de son équipement (quatre pistes, reverb, phaser), imprègne chaque titre du Heart of the Congos.

A cette époque, The Upsetters comptent dans leurs rangs quelques uns des meilleurs musiciens jamaïcains : les batteurs Sly Dunbar et Mikey « Boo » Richards, les percussionnistes Skully et Sticky, le bassiste Boris Gardiner, le guitariste Ernest Ranglin... De même présent lors de l’enregistrement du disque, l’excellent organiste Winston Wright qui envoie une irrésistible ligne de basse sur Congoman et assure les parties d’orgue pour lesquelles il est d’avantage connu. Dans les choeurs, on retrouve aussi quelques connaissances. La voix de basse que l’on entend chantant les louanges du Quaju Peg the collie-man sur

  Fisherman 

est celle de Watty, qui a enregistré plusieurs disques pour Lee Perry. On remarque aussi la présence des Meditations - Ansel Cridland, Winston Watson et Danny Clarke - qui ont aussi assuré des chœurs pour Bob Marley, notamment sur Rastaman Live Up, Blackman Redemption et Punky Reggae Party. Ils ont de même enregistré plusieurs faces pour Lee Perry au Black Ark Studio. Enfin, Earl Morgan, Barry Llewellyn (deux membres des Heptones) et Gregory Isaacs apportent leurs harmonies vocales sur La La Bam-Bam tandis que Candy Mc Kenzie (du groupe Full Experience) chante dans les choeurs de Children Crying.

Cette énième réédition de Heart of the Congos se voudrait une version définitive de ce classique. Plus longue qu’aucune des cinq versions déjà parues à ce jour, elle comprend aussi quelques mixes rares ou inédits sur un CD bonus. Le tout a été remasterisé et nettoyé, et est emballé sous une très belle pochette cartonnée contenant un livret somptueusement illustré et documenté.

Après l’enregistrement de cet album, ses protagonistes ont poursuivi leur route séparément. Cedric Myton a sorti trois albums sous le nom des Congos pour CBS France. Il vit actuellement tout près de New York avec sa famille. Roydel Johnson enregistre et se produit toujours sur scène sous le nom de Congo Ashanti Roy en Jamaïque. Il chante dans la collectif de l’ON-U Sound d’Adrian Sherwood et réalise des albums solos (sur le plus récent, enregistré pour le label High Times de Chinna Smith, on le voit faire équipe avec la chanteuse roots Annette Brissett).

Lee Perry, lui, vit actuellement en Suisse avec sa femme Mireille, enregistrant et se produisant régulièrement en concert. Le travail qu’il a effectué dans le Black Ark Studio, dans lequel chaque énergie élémentaire semblait travailler, par son intermédiaire, à une nouvelle sorte d’alchimie musicale, constitue sans aucun doute la partie la plus importante de son œuvre. Heart of the Congos en est un des plus beaux exemples, et l’album déborde d’une présence tangible si puissante qu’il transcende virtuellement la simple catégorie musicale.

Un disque qui ne s’adresse pas qu’aux seuls amateurs de reggae.


Grandmaster DJ X (Scratch n°2 / 1996)
d’après les liner notes de Steve Barrow.


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